Après des années d’observation et après avoir testé de nombreuses méthodes, j’ai fait un constat désarmant de simplicité : serait-il pour nous envisageable de manger ou simplement être en mesure de goûter le contenu de la gamelle que nous proposons à notre chien ?
Cette question peut paraître évidente pour certains ou saugrenue pour d'autres. Pourtant, on oublie souvent que le moment du repas est une fête pour notre ami(e) et que notre compagnon à 4 pattes aime lui aussi prendre du plaisir lorsqu’il déguste son repas.
Cette question et les réponses que j’y ai ensuite apporté m’ont guidé et m’ont permis d’améliorer significativement mon approche à ce sujet.
En qualité d’éleveur canin, l’une de mes principales préoccupations est de proposer une alimentation appropriée à mes Bouledogue Français. Mais il arrive que des doutes apparaissent et les raisons sont essentiellement liées à l’observation de leur quotidien et à leur apparence physique:
On souhaite leur faire plaisir mais on constate qu’ils ne sont pas toujours très satisfait par la ration quotidienne qu’on leur propose. Ils boudent leur gamelle et tournent autour.
Leur poils qui ne sont pas aussi brillants et soyeux et des problèmes de peau qui peuvent apparaître.
une vivacité, une tonicité musculaire, une allure en mouvement ou un port de tête qui ne convient pas.
Pour résumé, ma priorité d’éleveur est de vivre avec des compagnons en excellente santé, joyeux et épanouis.
Il y a quelques années, lors d’une discussion autour d’un repas, je faisais part à une amie de mes incertitudes associées à l’alimentation de nos animaux de compagnie.
Diététicienne de métier elle m’interpella : « lorsque tu achètes de la nourriture pour tes chiens, as-tu pensé à la qualité des ingrédients qui sont employés, leurs origines et les parties de l’animale utilisées? »
Cette question fut pour moi comme un déclic. Il est vrai que lorsque l’on se réfère aux différents scandales agro-alimentaires qui ont jalonné la nutrition humaine ces dernières années, on est en droit de s’interroger aussi sur l’alimentation animale.
Depuis que j’exerce mon activité d’éleveur canin, j’ai eu l’occasion de tester divers modes d’alimentation pour chien:
Elle est constituée de viandes cuites ou crues, des légumes (patates douces, carottes, petits pois ou courgettes) de riz et d'huiles végétales.
Pour ne pas être carencée, la ration doit être complémentée en vitamines, oligo-éléments et minéraux. Pour être équilibré, chaque ingrédient doit être pesé séparément.
Mon point de vue d’éleveur : cette alimentation nécessite une bonne organisation. Par temps chaud cette méthode peut être difficile à maintenir car on ne peut pas laisser la gamelle en permanence à disposition.
Cette méthode voudrait que l’animal se nourrisse de la même façon qu’il le ferait à l’état sauvage. Le repas est principalement constitué d'aliments crus. Les calories sont essentiellement apportées par la viande crue. On y ajoute os charnus, des légumes, des fruits, de la levure de bière et de l'huile végétale. Les féculents sont exclus. La ration est totalement dénuée de glucides complexes.
Mon point de vue d’éleveur : sur Internet, le débat est vif à propos des glucides complexes dans l’alimentation canine. Comme pour tous les sujets à la mode sur le web, il met en lumière de nombreux gourous de la diététique animale et charrie de nombreuses contre vérités. La teneur en protéine est trop élevée. Cette énergie, tirée essentiellement des protides, diminue exagérément la masse graisseuse du chien et sollicite abondamment ses fonctions rénales. Cette approche nécessite en définitive beaucoup de temps et s’avère frustrante quand on considère l’aspect esthétique du chien. Ce procédé est contraignant, car il nécessite de la viande crue tous les jours et devient donc difficilement gérable en été.
Il consiste à rajouter aux croquettes de la viande fraîche cuite ou crue, de l’huile d’olive et de la levure de bière. Ce principe permet essentiellement d’apporter un complément en protéines de premières qualitées.
Mon point de vue d’éleveur : l’ajout de viande déséquilibre mécaniquement le rapport protéine aux autres éléments des croquettes (lipides glucides vitamines etc...), le repas ne sera donc pas adapté à ses besoins. Il est impératif de prévoir une réserve constante de viande tout comme pour la ration ménagère ou le b.a.r.f, ce qui est difficile à maintenir sur le long terme.
Elles sont fréquemment associées au logo générique « sans céréales ». Certains fabricants rajoutent une annotation plus étrange : «ingrédients naturel» mais qui ne veut rien dire.
L’origine des protéines de ces croquettes et leurs procédés de fabrication posent questions. On y trouve ces protéines animales principalement sous 2 formes:
Elles sont obtenues à partir d’os, de peau, de déchets de viande et de sous-produits animaux. La provenance de ces matières premières étant incertaines, elles sont cuites à ultra haute température (>300°C) avec des «flashs» à 400°C. L’agrégat obtenu est ensuite broyé et tamisé afin d’obtenir une farine. L’intérêt nutritif de ce genre de protéine est pratiquement nul car trop dégradé. A titre d’exemple, une paire de chaussure en cuir est essentiellement constituée de protéines, celles-ci n’ont pourtant aucun intérêt nutritif pour un chien.
Elles sont issues de filières recyclant les viandes avariées impropres à la consommation humaine. Elles sont d’abord traitées à la javel, pour les débarrasser des bactéries (Escherichia coli par ex) et ensuite à l’acide chlorhydrique pour nettoyer les graisses rances. Le procédé de cuisson est le même que pour les farines de protéines, avec des passages à ultra haute température (>300°C) et des « flashs à 400°C.
Mon point de vue d’éleveur : qu’elles soient fabriquées à partir de protéines déshydratées ou de protéines viandes dites « fraîches, je ne m’aventurerais pas à goûter ce type de croquettes.
Farines animales transportées par camions bennes et entreposées dans des hangards de stockage*
Nous souhaitons tous faire plaisir et prendre soin de notre animale de compagnie. Mais lui donnons-nous réellement l’alimentation qu’il mérite, une alimentation saine, une alimentation que nous pourrions nous-mêmes manger?
Fort de cette approche au demeurant très simple, j’ai conçue et fait élaboré une nourriture unique que j'utilise depuis maintenant un an. Une nouvelle nourriture qui est basée essentiellement sur des ingrédients frais de qualité et des origines certifiées. Cette approche très saine est une franche réussite, j’y reviendrais dans un prochain article.
En attendant, si vous ne souhaitez pas vous tromper, et même si elle vous paraît évidente, posez-vous donc cette simple question :
Pourriez-vous manger ou simplement goûter le contenu de la gamelle de votre chien ?